Le Royal est un cinéma construit à Tavannes durant la Première Guerre mondiale dans une région en pleine mutation. En effet, à la fin du 19ème siècle ce village connaît une importante évolution avec l’arrivée du réseau ferroviaire en 1874.
A l’époque, la crise agricole oblige à rechercher de nouvelles activités économiques. L’offre de bâtiments et de terrains, initiative de la Bourgeoisie, se combine alors à la disponibilité d’une main-d’œuvre, certes non qualifiée, mais bon marché. Avec l’arrivée de Henri Sandoz, le tournant de l’industrialisation est amorcé.
Son entreprise horlogère importe des machines-outils des Etats-Unis. Au début du 20ème siècle, elle est la deuxième entreprise horlogère suisse grâce à ses méthodes de rationalisation calquées sur le modèle américain. Elle produit alors 4000 montres par jour et emploie 2000 personnes sous les marques Tavannes Watch et Cyma. Elle sera complétée en 1917, par une importante division machines, la Tavannes Machines Co
Le village devient, en quelques années, une petite cité « urbanisée » dans laquelle le patrimoine rural est progressivement remplacé par la construction d’un grand nombre de bâtiments modernes dont un cinéma-théâtre.
En 1896, les visiteurs de l’Exposition nationale de Genève découvrent le Cinématographe des frères Lumière. Le retentissement est considérable et des projections sont bientôt organisées dans de nombreuses villes suisses. Rien que pour le Jura bernois, pas moins de neuf salles sont ouvertes, dont St-Imier (1910), Moutier (1911) et Tramelan (1915).
W Renck est l’architecte du Cinéma Royal. Largement inspiré du Scala construit par le Corbusier deux années plus tôt, il comprend une galerie de 12 mètres, libre et sans poteaux porteurs. Les dalles inclinées en béton armé pour la galerie et la salle sont une prouesse technique pour l’époque.
A son inauguration en 1918, il est l’un des plus grands cinémas de Suisse Romande où les films français sont présentés avant Lausanne et Genève.
Malheureusement, le désintérêt progressif pour les salles obscures conduit à sa fermeture en 1985.
Monument historique cher au cœur des Tavannois, il est racheté en 1991 par une coopérative avec le soutien de la commune et du canton.
Sa transformation, menée par les architectes Baker et Blanc, laisse intacte l’enveloppe du bâtiment et réunit dans ses murs un nouveau cinéma, une bibliothèque, une ludothèque et une salle culturelle.
L’inauguration de ce Royal tout neuf aura lieu le 9 du 9 1999.
Depuis 2016, l’association bénéficie d’un contrat de prestation avec le canton, la commune siège et les communes des alentours en tant que centre culturel de portée régionale. Essentiellement basée sur le bénévolat pour l’organisation d’une trentaine de manifestations par année, elle peut néanmoins s’appuyer sur deux professionnels salariés à 50% pour la partie comptabilité et secrétariat et à 30% pour la technique.
UN PEU D’HISTOIRE
DÉBUT DU 20e SIÈCLE
Le Royal c’est d’abord un bâtiment. Construit en 1917 par l’architecte Renck (à qui l’on doit également l’école de Courtelary), il est alors un des plus grands cinémas de Suisse Romande où les films français sont présentés avant Lausanne et Genève. Ses dalles inclinées en béton armé pour la galerie de 12m sans colonne et la salle (23m de long, 12m de large et 10m de haut) sont une prouesse technique pour l’époque. L’écran de 25m carré est le plus grand de Suisse romande… Il sera inauguré le 24 février 1918 en grandes pompes. A sa fermeture en 1985, le « groupe cinéma » continuera d’assurer une dizaine de projections par année.
FIN DU 20e SIÈCLE
En 1991 la coopérative Le Royal est fondée dans le but de racheter le bâtiment et de le transformer en un centre culturel. Les architectes Bakker et Blanc proposent un plan de transformation intégrant le cinéma, la bibliothèque, la ludothèque et la salle culturelle avec un café.
1999
Inauguration du nouveau concept le 9 septembre à 9h09.
DÉBUT DU 21e SIÈCLE
Le 19 septembre 2012 la salle culturelle se sépare de la coopérative et devient une association à part entière, dénommée Centre Culturel LeRoyal, locataire de la coopérative et entièrement autonome vis-à vis d’elle. Son comité sera l’interlocuteur du canton et de la commune pour la reconnaissance de sa structure comme centre culturel de portée régionale. Dès 2016, dans le cadre de la LEAC, un contrat de prestation de 4 ans entre en vigueur en partenariat avec la commune siège, les communes alentours et le canton de Berne.
2018, L’ANNÉE DES 100 ANS DU ROYAL
LES événements
Cinq bougies soufflées pour le premier semestre 2018.
Cinq ballons pour le 2e semestre et tout autant de bougies allumées. Au final, 10 évènements pour les 100 ans du Royal, représentés chacun par un ballon à la couleur de l’association qu’il représente.
CLIN D’ŒIL DANS LE PASSÉ, PAR JEAN-CLAUDE KOCHER
Humour
Remontons le temps et laissons au dessinateur humoristique Chaval imaginer la culture durant la Révolution française. En 2018, on demande toujours le programme de l’association culturelle et du cinéma mais on ne coupe plus de têtes.
Tavannes
Voici une vue, inhabituelle, de la façade sud du Royal et du village de Tavannes. Le village se transforme rapidement et nous distinguons l’architecture rigoriste des nouveaux immeubles locatifs et la nouvelle usine Tavannes Watch. Entre ces deux horizontales, le vieux village autour du nouveau cinéma Royal.
Nous remarquons la cabine de projection accolée à la façade et l’entrée de l’établissement public avec les inscriptions tea-room et dancing au-dessus de la petite marquise.
Blason
Ce grand blason qui était placé à l’extérieur sur la façade nord du Royal est aujourd’hui confiné dans le bureau du Royal et n’est plus, hélas, visible pour le public. L’inscription 1917 est accolée à une ruche stylisée. Ce thème, beaucoup utilisé fin 19è et début 20 è siècle, symbolise la maison, le refuge mais aussi la vie dans son aspect le plus grouillant et dynamique. Véritable micro-société, elle figure l’animation et l’échange. La figure souriante, placée dessous, parait déformée car elle tient compte de la vision oblique depuis le pied du bâtiment.
Affiches découvertes dans le Royal
Des affiches de films, collées sur les parois en plâtre, décoraient l’intérieur de la salle. La moitié inférieure de ces affiches a été arrachée par des ouvriers lorsqu’ils ont plaqué un revêtement de protection des murs lors d’une modernisation de la salle. 6 affiches ont été restaurées et placées dans différents endroits du bâtiment.
Ici une affiche de l’épisode no 4 du Courrier de Washington.
L’histoire était réalisée en 10 épisodes et les films étaient projetés sur plusieurs soirées.
Voici une affiche de l’épisode no 10 de ce même Courrier de Washington.
La sortie française de ce film date de 1917 avec l’actrice Pearl White.
100 ans plus tard la mode des feuilletons revient en force.
Netflix réalise et diffuse plusieurs séries de feuilletons.
Les télévisions suivent le mouvement…
La cinémathèque suisse à Lausanne n’a pas réussi à identifier cette affiche qui se trouve dans le corridor. Tavannes possède, ainsi, une affiche de l’actrice inconnue.
Enlever le chapeau
Cette inscription Les dames sont priées d’assister au spectacle sans chapeau n’est plus visible. Elle a été protégée pour permettre sa conservation avant d’être cachée derrière le mur du nouveau cinéma.
Nous pouvons apprécier la minutie et le sérieux des travaux de 1998/1999 en conservant, protégeant et cachant cette recommandation.
Affiche du film ‘ROYALEMENT VOTRE’
Voici l’affiche du film « Royalement vôtre » réalisé pour le bâtiment par Franz Rickenbach. Ce film a été présenté au public dans la salle d’attente de la gare de Tavannes le samedi 14 décembre 1991. Plus de 500 personnes ont participé aux différentes séances de projection organisées durant cette journée.
Façade Migros
Voici le projet déposé en 1972 pour l’adjonction d’une marquise en haut de la façade du bâtiment de la Migros. Ce commerce a joué un rôle important dans l’histoire et le sauvetage du Royal notamment par:
→ Le maintien d’une activité commerciale de 1960 à 1990 qui relie la population tavannoise au Royal surtout dès 1985 après la fermeture du cinéma.
→ L’autorisation d’assurer des Nuits du cinéma au groupe cinéma entre 1985 et 1992.
→ Un rabais de 300000 francs du prix de vente à la coopérative en 1992.
→ Le soutien financier régulier à la vie culturelle de la salle de spectacles depuis 1999.
Royal qui coule
La période qui précédait l’assemblée communale du 2 mai 1992 était incertaine. Les partisans du soutien communal de 200000 francs pour l’achat du Royal ont imaginé ce document pour montrer le naufrage du Royal en cas de refus populaire.
Royal sur pierre
La coopérative a réussi à acheter le bâtiment.
Les rêveurs du royal ont placé le Royal sur une météorite qui poursuit son voyage.
Image d’Ubu du travail accompli
En effet, une bonne chose de faite avec la rénovation de 1995. Elle rétablit la liaison complète dans la tourelle entre les différents niveaux du bâtiment et aménage une salle de spectacles dans l’actuelle bibliothèque régionale. Cependant la folie immobilière de l’époque amène des associations comme la Bibliothèque des jeunes et la ludothèque à rechercher des locaux dans le Royal. De ce fait, tout est à revoir. La nécessité d’un centre culturel élargi devient évidente.
L’illustration d’Ubu reflète bien cette période.
Coupe en long du Royal
Cette coupe en long du Royal permet de comprendre le fonctionnement du Royal dès 1999 avec ses différentes associations. Le cinéma sur le balcon de l’ancien cinéma ; la ludothèque sous le cinéma, l’association culturelle dans la salle où nous nous trouvons et la bibliothèque régionale au rez-de-chaussée.
Carte logo
et les 5 associations
Cette carte distribuée lors de la fête du village de 1999 a lancé le centre culturel Le Royal.
De 5 étoiles ou associations, nous avons passé à 4 partenaires suite à la création de la bibliothèque
régionale issue de la fusion de la bibliothèque des Jeunes et de la bibliothèque communale.
Coeur Royal
Ce badge en forme de cœur a été vendu de 1991 à 1995 pour assurer des recettes et promouvoir le Royal.
En 33 ans de diverses activités culturelles soit 1/3 de l’existence du bâtiment, le Royal a su prendre place dans le cœur des habitants de notre région.
Barque
Olb représente l’équilibre dans ce dessin humoristique
et illustre parfaitement la stabilité précaire de la culture en ce 21e siècle